Et bien voilà, ca y est, c’est fait ; Chiang Mai – Chiang Rai est tracé ! Le 1er sentier de GR de Thailande existe, nous en sommes la preuve vivante. Le 1er sentier de Grande Randonnée du pays est né, nous l’avons parcouru en 7 jours et 6 nuits. Bien sur, il n’est pour l’instant pas encore balisé. Bien sur, il n’a pour l’instant pas d’existence officielle. Mais il est déjà présent sur nos relevés GPS et nos cartes Google ; il est bien présent dans nos corps et dans nos esprits.

Ce parcours, nous l’avons vécu, il est dans nos cœurs à jamais. Ce fut une formidable parenthèse, un voyage quasi lunaire à travers une Thaïlande authentique, généreuse et surprenante. Cette semaine fut presque irréelle tant elle fut sauvage, éloignée de presque de toute civilisation pendant 7 jours ; irréelle tant les paysages que nous avons traversé furent diverses et les atmosphères particulières ; irréelle tant elle se déroula idéalement malgré la difficulté et les inévitables surprises. J’ai encore du mal à croire que ce fut à la fois si facile et difficile.

Pourtant 3 semaines avant le départ, tout n’était pas réglé. Malgré le planning d’organisation précis que je m’étais imposé et l’énergie dépensée, il restait encore beaucoup à faire : certaines parties de sentiers à découvrir, la venue des athlètes à organiser, l’équipe d’assistance à mettre au point. Je savais que ce projet, comme tout projet innovant, ne serait pas facile à mettre en place. La Thaïlande a son rythme propre. Si vous avancez trop vite et exigez des réponses immédiates comme un occidental stressé, vous êtes sur d’échouer. Ici il faut savoir observer et comprendre, attendre le moment propice et s’adapter. Si vous agissez ainsi avec patience et confiance, vous serez surpris car au final tout arrivera. C’est finalement une formidable façon de procéder, la Thaïlande est un pays bouddhiste qui vous apprend que la vie est régie par d’innombrables forces que vous devez comprendre.

La veille du départ, tout était donc parfaitement organisé. Je souhaitais partir dans un tel état d’esprit. Non par un souci maladif de perfectionnisme, mais parce que je savais que la course allait être difficile. Toute cette semaine, je souhaitais me concentrer uniquement sur l’aspect sportif et ne pas perdre d’énergie inutile dans l’organisation. J’aurai de toute façon à faire face inévitablement à des imprévus de toute sorte. Partir bien organisé, c’est se laisser de la force pour courir et de la lucidité pour affronter les problèmes.

Nous avons quitté Chiang Mai le lundi 9 décembre à proximité de l’université. Notre groupe de 6 coureurs s’en est allé joyeusement vers les montagnes pour une aventure de 7 jours qui nous mènera de la capitale du nord à la 2ème ville de la région. Nous traverserons jungles, rizières, montagnes alpines et collines, rivières et villages de tribus montagnardes ; nous connaîtrons les blessures (légères), les aléas météos (comme un déluge exceptionnel en pleine saison sèche), les attaques (de guêpes), les franchissements difficiles (jungle ou rivières), les arrivées tardives (2 heures de marche dans la jngle de nuit) ; nous changerons nos itinéraires par obligation et nous manquerons nos équipes d’assistance ; nous découvrirons de magnifiques paysages, partagerons avec les tribus les meilleurs plats thailandais, dormirons dans les plus beaux villages de la région. Après une semaine si riche, nous arriverons finalement au bazar de nuit de Chiang Rai, les yeux pleins d’étoiles, la tête pleine de souvenir, les corps repus, un sentiment de plénitude et d’achèvement.